Cowboy Bebop
Lecture en cours.
Ce jeu a été conçu par Davide Milano chez Don’t Panic Game et édité en France par Ynnis éditions avec moult goodies : des dés multiples, des jetons, des tapis de jeu, des figurines, un écran du MJ, un kit de démarrage ou même un jeu de société.
Revue rapide par Fabrice
Je n’ai pas sous la main la version collector, juste la régulière, et c’est déjà un très beau livre de 270 pages, à la couverture rigide avec un vernis sélectif, avec à l’intérieur des illustrations à foison issues de l’animé. Ce tome comblera autant l’amateur de JdR que le fan du Cowboy ! Et il y a même les feuilles des personnages et celles des épisodes de l’animé !
De quoi ça parle ?
C’est du Space Opéra. Nous sommes en 2071, la terre est un désert suite a un accident de porte stellaire. L’humanité s’est rependue dans le système solaire. Et vous êtes des chasseurs de prime éternellement fauchés, les Woolongs manquent toujours comme pour la majeure partie de la population. D’où une criminalité galopante, des forces de l’ordre dépassées et l’importance des chasseurs de primes, les cowboys, pas toujours tenu à la loi. C’est un mélange de cyberpunk et de western dans un futur presque proche où quelques riches privilégiés possèdent tout. Mais aux frontières il reste des opportunités, comme dans les westerns avec ses colons, ses chercheurs d’or et ses bandits. Il y a beaucoup d’actions et des choix moraux à faire, bref comme dans l’animé. Mais avec un peu de chance, ça finira mieux pour les joueurs...
Mais que joue-t-on ?
Eh bien des Chasseurs de Prime (CP) ! D’abord il faut se créer, pour le groupe, un vaisseau-mère et heureusement il y a des tables pour aider. Après il faut définir un groove, un talent spécial, comme loup solitaire, plus rapide que l’œil… Puis se choisir un concept comme flic à la retraite, ancien corpo, samouraï de l’espace, pistolero, etc. mais à cette étape, pas de guide. De là, on matérialise des traits, des éléments visuels à utiliser pour aider à résoudre les actions selon le rythme choisi. Ça peut être une apparence physique, une augmentation cyber, une tenue, une arme… Puis il faut un souvenir, qui vous hante parfois, souvent en relation avec une faction de votre passé. Ça permet de rajouter des éléments de narration quand on l’active. Par exemple : « Je dois un paquet de Woolong a des gens très louches », « j’ai combattu dans la guerre de Titan, je ne peux pas oublier », « j’étais flic, mais... » etc. Enfin on ajoute un véhicule et on se trouve un nom !
Les règles
Alors oui, c’est une autre façon de jouer : les scènes sont découpées comme pour une série (ellipses, changements de plan...) Et cela doit être très cinématique, tout comme l’animé d’origine.
Chaque session est en 3 mouvements avec un objectif pour chacun d’eux. Les CP choisissent un rythme pour leurs actions : rock, tango, jazz, dance et blues qui déterminera les scènes. Encore une référence à l’animé où la musique est très présente. Puis est choisi la façon d’aborder la difficulté : en force, en contournement, en persuasion, par la ruse… Par exemple pour des gardes à l’entrée on peut les bastonner, les tuer, les baratiner, les attirer ailleurs, chercher une autre issue, etc.…)
Pas de compétence ni d’attribut, juste des traits qu’il faut parfois sacrifier, un groove (le talent spécial) et un barillet (des points) pour tenter de modifier l’histoire. Pas d’initiative, on se passe la caméra. Les jets qui comportent des réussites sont des cartons, et les échecs sont des fausses notes qui vont incrémenter la jauge de réussite ou celle de l’échec de l’acte. Tant qu’une jauge reste à remplir, les péripéties s’accumulent et la première jauge remplie remporte le dénouement du mouvement. Pour le 3eme, et dernier mouvement, c’est plus nuancé et je laisse ce mystère pour les futurs Big Shots (=MJ).
Bon, je ne sais pas si j’explique bien, car le système n’est pas courant, bien que j’aie trouvé des similitudes avec Blades in the Dark, ou Shaan, et leurs jauges à matcher pour réussir, et différentes façons d’y parvenir.
Et puis je vous passe aussi les rifs, les jams, les flashbacks, etc. qui participent aussi à ce dépaysement et servent à la narration partagée. Et aussi plein d’idées de lieux, de décors et d’ambiances pour des scènes à jouer. Astrogare bondé, cimetière abandonné, gratte-ciel en construction, etc et avec leur faune et d’éventuelles rencontres : mafieux, IA, ivrognes, écoactivistes… C’est très inspirant.
En conclusion
Ce système est facile à comprendre et également difficile à ressortir en partie, pour un vieux rôliste, c’est une gymnastique mentale, mais c’est sûrement très adapté pour soutenir un rythme, une narration et le côté visuel qui se doit de coller à l’animé. Le but est de construire ensemble les scènes de l’épisode à l’aide des traits qui constituent les personnages, savoir les utiliser de façon visuelle, pour arriver au dénouement quel qu’il soit, mais toujours avec un mélange de fun et un petit côté doux-amer.
Ce jeu peut être jouissif pour le fan d’animé et d’impro, mais plus compliqué pour un habitué des jeux traditionnels. C’est en tout cas une lecture qui donne envie de jouer et qui recèle une mine d’information pour tous ceux qui ont adoré cet excellent animé… Étonnamment on ne citera pas ici la série Netflix :D