Introduction
Entre juillet 2023 et octobre 2024, VIGINUM a analysé les activités numériques du Baku Initiative Group (BIG), une organisation créée en Azerbaïdjan, ainsi que d'un cluster de comptes associés.
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Le BIG
Le BIG se présente comme un acteur luttant contre ces concepts, visant à interpeller les mouvements indépendantistes. Il a particulièrement mis en avant des mouvements tels que le FLNKS en Nouvelle-Calédonie et d'autres groupes en Corse et aux Antilles.
Le Baku Initiative Group (BIG) a principalement utilisé des narratifs hostiles à la France, ciblant des audiences dans les Départements, Régions et Collectivités d'Outre-Mer (DROM-COM) ainsi qu'en Corse. Entre juillet 2023 et février 2024, la campagne du Baku Initiative Group (BIG) a cherché à influencer les perceptions des territoires d'outre-mer français en exploitant plusieurs thématiques clés et tenté d’amplifier sa présence en ligne à travers plusieurs manœuvres.
Attaques informationnelles
Pour atteindre ses objectifs, le BIG a employé les stratégies habituelles, qui sont utilisées par d’autres acteurs hostiles à la France comme la Russie : propagation de fausses informations et collaboration avec des influenceurs « panafricanistes » hostiles à la France, utilisation de techniques d’amplification artificielle via les réseaux sociaux, notamment des hashtags ciblés, diffusion massive de contenus inexacts pour provoquer des réactions émotionnelles et attiser les tensions, promotion de conférences et de mémorandums avec des partis indépendantistes pour renforcer sa légitimité, etc. Parmi ces manœuvres, les publications sur les réseaux sociaux ont joué un rôle clé, avec 29 % des contenus mentionnant directement la France, ce qui en faisait le principal sujet abordé. Le BIG a également concentré ses efforts sur la Nouvelle-Calédonie, exploitant ce territoire comme un vecteur central de ses messages anti-français dans de nombreuses publications. Par ailleurs, l’organisation a organisé des conférences thématiques sur des sujets comme le néocolonialisme et la décolonisation, soulignant les injustices historiques pour alimenter ses récits critiques.
Sur le plan technique, le BIG a adopté des tactiques comme le copy-pasta, consistant à répéter les mêmes textes dans un grand nombre de publications, afin de donner une fausse impression de popularité et d’adhésion massive. Cette stratégie a été renforcée par l’utilisation de comptes inauthentiques : un cluster de 423 comptes liés à l’Azerbaïdjan a été identifié comme contribuant à l’amplification des messages du BIG. Ces efforts témoignent d’une volonté de manipuler la perception publique à grande échelle, bien que leur efficacité réelle reste limitée. Le BIG s’est également engagé dans des campagnes de dénigrement, ciblant notamment des personnalités politiques. Parmi les actions recensées, des députés européens de divers pays (Allemagne, Irlande, Autriche, France) ont été accusés de collusion avec des lobbies. De plus, l’organisation a participé à des campagnes de harcèlement en ligne, notamment par le biais de doxing, comme ce fut le cas avec Anders Fogh Rasmussen. Ces attaques ont visé à discréditer et intimider les figures politiques critiquées. Pour renforcer ses messages, le BIG a cherché à instrumentaliser des événements sociaux récents. Les émeutes en Nouvelle-Calédonie, par exemple, ont servi de levier pour intensifier ses narratifs anti-français, tandis que des rapports sur des crimes racistes présumés dans les anciennes colonies françaises étaient promus en ligne pour alimenter le ressentiment. Ces actions visaient à exploiter les tensions sociales pour valider et amplifier les messages du BIG.
Conclusion
Malgré l’ampleur des efforts déployés, les résultats obtenus par le BIG ont été mitigés. Ses tentatives d’influence ont échoué à générer une forte visibilité auprès des audiences ciblées, dans les DROM-COM et en Corse. Malgré un volume élevé de publications, l’organisation n’a pas réussi à capter l’attention des populations des DROM-COM. Les tentatives d'instrumentaliser les tensions locales n'ont pas eu l'impact escompté sur l'image de la France. Enfin, la suppression de nombreux comptes par X a entravé la propagation de ses narratifs. Ces échecs mettent en lumière les limites de la stratégie du BIG à atteindre efficacement les groupes qu’il cherchait à mobiliser.